La peau des serpents

"Contrairement aux idées reçues, cette peau n'est pas gluante mais offre un contact lisse et soyeux dû à la configuration des écailles cornées qui la revêtent.

L'épiderme comporte une couche superficielle, ou épidermicule, souvent ornée d'épines ou de crêtes microscopiques à l'origine de couleurs d'interférence, et formée par la superposition de quatre couches cellulaires : en surface, des cellules très kératinisées qui sont éliminées à chaque mue, une couche cornée épaisse plus flexible, une zone intermédiaire, et la couche basale, plus profonde.

Le derme est constitué d'un tissu conjonctif riche en collagène, irrigué et innervé. Il renferme la plupart des cellules pigmentaires.

Comme chez les autres vertébrés, l'hypoderme peut accumuler des réserves adipeuses, notamment dans la région caudale, mais les graisses sont souvent stockées dans les corps gras abdominaux. Les écailles recouvrent en général par leur bord postérieur libre celles qui leur font suite. Seule la région dorsale de la tête et la nuque comportent des scutelles - grandes écailles épaisses à bords contigus.

Alors que chez certaines familles d'ophidiens (Scolécophidiens, Acrochordidés et de nombreux Elapidés marins) on trouve, comme chez les lézards, plusieurs petites écailles ventrales par segment (c'est-à-dire par vertèbre), chez les serpents plus "évolués", il n'hésite qu'une seule large écaille ventrale par segment.

 

Chez toutes les espèces, certaines écailles montrent dans leur zone centrale une tache plus claire, due à l'amincissement de la cuticule, et qui correspond à la présence d'un organe sensoriel ; on distingue d'après leur taille les tubercules, parfois présents par plusieurs dizaines sur une seule écaille, et les fossettes, plus grandes, dont le nombre excède rarement la douzaine.

La grande variété dans la disposition, le nombre et la forme des écailles, dans leur ornementation ou dans le nombre de ces organes sensoriels permet souvent d'identifier et de distinguer les espèces.

 

En Europe occidentale, on peut distinguer aisément une couleuvre, à la tête couvertes de larges scutelles, d'une vipère, qui porte un grand nombre de petites écailles

Les serpents n'ont jamais d'ostéodermes - ossifications dermiques implantant les écailles dans le derme sous-jacent, présents chez la plupart des autres reptiles. On note au bout du museau une grande écaille épaissie chez les Scolécophidiens - serpents fouisseurs - et des appendices écailleux chez les Ahaetulla (Colubridae arboricole). Parmi les formations tégumentaires spécialisées, citons aussi la "sonnette" située au bout de la queue de certains crotales; cet organe, formé de segments cornés trilobés s'emboîtant lâchement les uns dans les autres, émet, quand l'animal l'agite, un bruit de crécelle. L'ergot est une autre structure cornée qui recouvre l'extrémité du femur vestigial des mâles chez les espèces possédant des restes de ceinture pelvienne et de membres postérieurs. Il s'agit d'un cas de dimorphisme sexuel assez rare chez les serpents.

 

On connaît d'autres exemples, tels que celui des mâles du serpent-arlequin d'Amérique tropicale (Chironius carinatus), qui possèdent des écailles carénées, alors qu'elles sont lisses chez les femelles, et celui des serpents à long nez (Langaha) mâles de Madagascar, qui portent un rostre, appendice nasal flexible, fin et triangulaire, alors qu'il apparaît large et foliacé chez les femelles."

 

 

Texte de Roland Bauchot

Écrire commentaire

Commentaires: 0